20 Years of IGCP: The first uncharted steps
20th Anniversary | 27/10/11
A few weeks ago, the first ever regional forum for the Greater Virunga landscape was held in Kampala, Uganda. The forum was the collection of actors at all levels, from civil society to national government, from conservation organizations to diplomatic missions which fund, manage, and coordinate conservation and development actions in that part of DR Congo, Rwanda, and Uganda. Hard to believe that just a few decades ago, these direct and immediate lines of communication with partners across borders did not exist because of political and technological limitations. What did exist was IGCP and specifically, José Kalpers.
As part of our ongoing series exploring the evolution of IGCP over the last twenty years, Dr. José Kalpers, IGCP’s first employee, indeed a one-man operation working across DRC, Rwanda, and Uganda, recounts those early years. We leave his post in its original French, but for you anglophones, consider copying and pasting the text into Google Translate so that you can get the feel for his experience as well.
—
Les premiers pas du PICG
Juin 1991 – Juin 1995
Ecrit par en José Kalpers, Sept 2011
Ayant eu le privilège de lancer le PICG lors de sa création en 1991, je peux relater quelques uns des tâtonnements, des défis mais aussi des moments d’excitation des premières années de cette initiative fabuleuse. Comme tout « start-up », le PICG a démarré d’une façon modeste et quelque peu chaotique, mais également empli de l’enthousiasme sans borne de ses protagonistes.
Une grande partie du crédit revient d’abord aux trois partenaires de la coalition qui ont un jour décidé de collaborer pour un objectif commun. Si le partenariat existait déjà depuis l’émergence du Projet Gorilles de Montagne en 1979, le leadership du PGM revenait effectivement à AWF, tant au niveau technique qu’au niveau financier. L’idée d’étendre ce projet d’une façon régionale, mais également de mettre en place une coalition « égalitaire » où chacun des partenaires aurait exactement le même poids, était bel et bien une innovation. Qui plus est, le climat d’entente cordiale qui a prévalu entre les partenaires dès la mise en place de la coalition aura permis l’avancement de cette cause, en mettant au second plan les égos personnels trop souvent au centre des programmes de conservation.
Lors de sa naissance, le PICG a immédiatement été confronté au conflit qui affectait la région des Grands Lacs: le Front Patriotique Rwandais avait lancé son offensive sur le Rwanda dès Octobre 1990 et l’une des conséquences de cette situation fut la fermeture de la frontière entre le Rwanda et l’Ouganda suite au gel des relations diplomatiques entre les deux pays. Comment dès lors démarrer un programme de collaboration régionale dans un tel climat d’animosité et de défiance? Basé à Gisenyi à partir de juillet 1991, je me situais initialement dans une position idéale qui me permettait d’accéder sans problème aux parcs des Volcans et des Virunga, tout en facilitant mon accès vers l’Ouganda moyennant un transit par la route reliant Goma, Bunagana et Kampala.
Mes premiers voyages dans la région furent accueillis avec beaucoup d’enthousiasme par les cadres des parcs nationaux basés sur le terrain, et avec un peu de méfiance par les autorités en place dans les capitales. Un élément pourtant me marquait lors de ces rencontres: la curiosité de chacun vis-à-vis de ce qui se passait de l’autre côté des frontières. Dans une telle atmosphère de guérilla, avec son cortège d’embuscades, d’accrochages et de zones truffées de mines antipersonnelles, l’inquiétude des gestionnaires des aires protégées de la région était bien palpable. C’est ainsi que mes réunions et entretiens des trois côtés des Virunga commençaient invariablement par les questions : « Comment est la situation dans le parc voisin, comment nos collègues peuvent-ils travailler dans cette insécurité, comment se portent les gorilles là-bas ? ». Mon rôle premier à cette époque était donc celui de messager des parcs, tout en évitant bien sûr de toucher des sujets trop sensibles comme les positions militaires ou les cibles stratégiques entrevues au cours de mes voyages dans la région.
Les moyens assez modestes dont disposait le PICG au cours de sa première année (USD 150,000 par an pour les trois pays) ne permettaient pas des actions spectaculaires, mais constituaient néanmoins un véritable ballon d’oxygène pour les parcs à gorilles, à une période où les revenus touristiques s’étaient littéralement asséchés suite à l’insécurité. Comme les réseaux bancaires, particulièrement au Zaïre, ne fonctionnaient plus que de façon aléatoire, je circulais souvent dans la région avec d’importantes sommes d’argent en cash, voire avec de l’équipement soigneusement dissimulé dans mon véhicule. Ces fonds étaient alors distribués aux stations de Kinigi et Rumangabo, en particulier, pour couvrir les frais de fonctionnement des parcs des Volcans et des Virunga. Ces stations allaient être régulièrement attaquées et pillées au cours de la période 1991-1994, et les besoins en ré-équipement et réhabilitations diverses se faisaient sentir de façon récurrente. Le PICG joua un rôle prépondérant au cours de cette période, soit en récoltant les fonds d’urgence nécessaires à ces activités, soit en mobilisant d’autres partenaires à fournir une assistance si essentielle.
Une autre activité majeure du PICG au cours des premiers mois fut d’explorer le potentiel touristique de Bwindi, et très rapidement les premiers groupes de gorilles initialement habitués par ITFC (Institute for Tropical Forest Conservation) furent pris en charge par la branche ougandaise du PICG, le personnel de terrain recruté et formé, et la logistique organisée grâce à un appui financier de l’USAID. Au moins à cette époque la situation sécuritaire de Bwindi ne causait aucune inquiétude et le programme pouvait démarrer sans trop de difficultés dès 1992.
Bien sûr l’objectif premier du PICG, la collaboration régionale entre les trois pays abritant les gorilles de montagne, ne fut jamais oublié au cours des ces premières années. Un atelier tenu à Bujumbura en juillet 1992, portant sur la conservation des forêts afro-montagnardes, fut l’occasion de réunir pour la première fois depuis le début du conflit rwandais les gestionnaires des aires protégées des trois pays. Malgré les obstacles diplomatiques et militaires, les premières « réunions régionales » furent ensuite tenues au niveau bilatéral entre le Zaïre et le Rwanda dès 1993, et les relations entre les deux parcs en furent améliorées de façon significative. Les premières patrouilles mixtes entre l’ORTPN et l’IZCN furent menées à la fin de 1993, ce qui permit de couvrir des zones du massif des Virunga qui n’avaient plus été patrouillées depuis près de trois ans et d’assurer un niveau de protection nettement plus important. Ces contacts entre les deux parcs, professionnels mais aussi personnels entre de nombreux cadres, guides et gardes, allaient s’avérer particulièrement utiles plus tard, au cours du génocide rwandais et de la crise des réfugiés au Zaïre, lorsque l’ensemble du personnel du parc des Volcans dut quitter le Rwanda et s’abriter de l’autre côté de la frontière pour quelque temps.
Malgré les événements tragiques qui secouèrent la région au cours de ces quatre années, la première phase du PICG allait néanmoins permettre la mise en place d’un réseau transfrontalier de contacts et le développement d’activités convergentes et conjointes dans les trois pays. Cette période pionnière allait ainsi asseoir les fondations du programme vers une phase de consolidation, tout en démontrant à ses partenaires que le PICG était bel et bien un interlocuteur loyal et dynamique, toujours prêt à intervenir même dans les circonstances les plus difficiles.
—
Dr. José Kalpers was IGCP’s original employee as Regional Program Manager and worked with IGCP for over a decade, shifting his role throughout the years. He is currently Chief Operations Officer at the Northern Rangelands Trust and is based in Kenya.
There is more about these early years of IGCP in a reflection by Katie Frohardt.
Photos accompanying this post are not to be used without the expressed consent of José Kalpers and IGCP. Inquiries can be sent to info@igcp.org.